François-Ferdinand (en allemand : Franz Ferdinand von Österreich-Este), archiduc d'Autriche et prince héritier de l'empire Austro-Hongrois, est né à Graz le 18 décembre 1863 et décédé le 28 juin 1914 victime d'un attentat à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine). Son assassinat est considéré comme l'élément déclencheur de la Première Guerre mondiale.
François-Ferdinand naquit le 18 décembre 1863 à Graz (Styrie) et se maria le 28 juin 1900 en la chapelle du château de Reichstadt (Bohême) avec la comtesse Sophie Chotek de Chotkowa et Woguin, « princesse souveraine » de Hohenberg, aujourd'hui Zákupy en République tchèque. Son père, l'archiduc Charles-Louis, époux en secondes noces de Marie de l'Annonciation des Deux-Siciles, princesse des Deux-Siciles, était le frère cadet de l'empereur d'Autriche et roi apostolique de Hongrie François-Joseph Ier.
Neveu de ce dernier, François-Ferdinand releva le titre de la branche autrichienne de Modène (issu du mariage de l'archiduc Ferdinand avec Marie-Béatrice d'Este en 1771) dont le dernier duc, François V, était mort sans enfants en 1875. Il se rapprocha du trône impérial à la mort de son cousin germain l'archiduc héritier Rodolphe, mort de façon mystérieuse (voire scandaleuse) à Mayerling, le 30 janvier 1889, en compagnie de sa maîtresse de 17 ans Marie Vetsera ;
Il avait alors 24 ans, était célibataire et d'un caractère renfermé porté à la misanthropie alors que son jeune frère Othon, surnommé « le bel archiduc », plein de charme et menant une vie de jouisseur était déjà père de famille depuis plusieurs années.
Atteint bientôt de tuberculose, il vit la cour se détourner de lui ce qui accentua son mépris pour les milieux curiaux.
Il devint bientôt héritier en titre à la mort de son père mort de la fièvre typhoïde pour avoir voulu boire de l'eau du Jourdain lors d'un pèlerinage en Terre Sainte en 1896.
François-Ferdinand avait alors près de 32 ans. Il avait vaincu sa maladie mais était toujours célibataire. Son mariage devenait une obligation d'État et agitait les cours, les ambassades et les chancelleries.
Une cousine, l'archiduchesse Isabelle, femme de l'archiduc Frédéric, (chef de la branche de Teschen et frère de la reine Marie-Christine d'Espagne) était mère de sept filles.
Elle aurait volontiers vu l'une d'elles sur le trône austro-hongrois.
En effet, l'archiduc lui rendait assez souvent visite.
Un jour, celui-ci ayant oublié sa montre à gousset, elle se permit de l'ouvrir espérant y voir le portrait ou la photographie de la future impératrice et reine.
La vision la remplit de stupeur puis d'effroi puis de haine : ce n'était pas la photographie d'une de ses filles mais celle d'une de leur dame d'honneur, une vieille fille de 30 ans, de sang noble mais non royal, Sophie Chotek de Chotkowa et Wognin, issue d'une famille de diplomate.
L'archiduchesse chassa avec pertes et fracas celle qu'elle considérait comme une traîtresse et une intriguante mais, chevaleresque, l'archiduc voulut effacer l'affront fait à la dame de ses pensées en l'épousant alors que son frère « le bel archiduc » lui conseillait en revanche d'en faire sa maîtresse.
A la cour de Vienne, l'archiduc se retrouva de nouveau isolé, ne recevant de soutien que de sa belle-mère l'archiduchesse Marie-Thérèse, veuve de son père l'archiduc Charles-Louis. Son sens du devoir et sa dignité permettait à l'archiduchesse de bénéficier de l'estime de son beau-frère, l'empereur François-Joseph.
Ce mariage avec une femme, certes issue de la vieille noblesse de Bohême mais non de sang royal causa un terrible problème à l'empereur septuagénaire qui avait déjà perdu deux de ses successeurs potentiels, son fils et son frère et banni plusieurs archiducs qui avaient dérogé aux règles successorales.
En effet, pour épouser cette femme, François-Ferdinand aurait dû, suivant les règles de succession à la couronne, renoncer au trône. Son frère Othon serait alors devenu l'héritier du trône austro-hongrois. Mais Othon était un débauché notoire à la vie publiquement scandaleuse.
Le vieil empereur décida, en désespoir de cause, que François-Ferdinand conserverait son rang de succession mais que son épouse ne pourrait être associée au trône et que leurs enfants ne pourraient être dynastes, ce que François-Ferdinand accepta non sans aigreur ni peut-être sans arrière-pensées.
En compensation, l'empereur conféra à l'épouse de l'archiduc le titre de « Fürstin » (Princesse Souveraine) puis « Duchesse de Hohenberg » et le premier rang à la cour après les membres de la famille impériale. Ce qui la faisait quand même passer après les enfants en bas âge lors des (nombreuses) cérémonies publiques, ne lui permettait pas d'être assise dans la loge impériale à l'opéra ou au théâtre (elle ne pouvait donc être assise en public à côté de son mari). L'archiduc, profondément épris et fier de son sang, vivait cette situation comme une injure.
Le couple très uni mena une vie retirée. Il eut deux garçons et une fille.
Profondément slavophile, l'archiduc ne cachait pas qu'à son accession au trône, il transformerait la monarchie dualiste (Autriche-Hongrie) en monarchie trialiste et donnerait aux populations slaves de ses empire et royaumes les mêmes droits qu'aux populations germanique et magyare. Si ce programme causait peu de réaction en Autriche, il était, en revanche des plus impopulaires dans les cercles de pouvoir hongrois.
Il entretenait des relations cordiales avec le Kaiser Guillaume II, un homme de sa génération, qui soutenait ses vues pour mieux dominer l'alliance Austro-Allemande.
L'archiduc devait effectuer une visite officielle à Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, région récemment annexée par l'Autriche-Hongrie le 28 juin 1914. Ce jour étant celui de leur quatorzième anniversaire de mariage, l'archiduc imposa à ses côtés la présence de son épouse. Il voulait également profiter de cette occasion pour partager avec la femme de sa vie les honneurs que lui-même recevait habituellement.
Les circonstances du voyage d'inspection de François-Ferdinand à la suite des grandes manœuvres organisées en Bosnie-Herzégovine semblent avoir favorisé les assassins potentiels :
Le jour choisi, 28 juin, était également le jour anniversaire de la défaite des Serbes à la bataille de Kosovo en 1389 face aux Ottomans. Le voyage de l'archiduc héritier, inspecteur général des armées, était considéré par la minorité serbe comme une provocation.
Bilinski, ministre chargé de l'administration de la Bosnie-Herzégovine à Vienne, refusa également de tenir compte de l'avertissement de l'ambassadeur de Serbie à Vienne, Jovan Jovanović, affirmant qu'un attentat était en préparation.
L'ordre du grand-maître de la cour, le pointilleux prince de Montenuovo, décida de ne pas rendre les honneurs militaires au couple (et donc de retirer la troupe - 40 000 hommes - de Sarajevo), au motif que la duchesse de Hohenberg, n'étant pas membre officiellement de la famille impériale, n'était pas en droit de les recevoir, priva le couple d'une protection militaire efficace.
Un premier attentat eut lieu sur le parcours menant à la réception prévue en l'honneur du visiteur princier mais l'archiduc le fit échouer : par un réflexe adéquat, il repoussa une bombe lancée par un des conjurés. Pendant la réception qui suivit, il fit part de son mécontentement aux autorités locales puis décida d'aller visiter les blessés à l'hôpital. Le chauffeur, n'en n'ayant pas été averti, faillit commettre une erreur d'itinéraire et, sur ordre de l'archiduc, s'arrêta au milieu de la foule pour entamer une marche arrière. Ce faisant, il mettait involontairement le couple en danger.
Un étudiant nationaliste serbe, Gavrilo Princip, qui, après le premier attentat manqué, avait pourtant renoncé à accomplir sa tâche, se trouva à portée de tir du couple princier.
Il dégaina son pistolet et abattit froidement l'archiduc et son épouse.
Pendant longtemps, il fut communément admis que l'arme de Gavrilo Princip était un FN 1900 même si certains spécialistes penchaient plutôt pour un Browning M1903. L'arme refit surface en 2004 et ce n'est qu'à ce moment-là que l'on pu établir avec certitude que c'était plutôt un Browning M1910 avec le numéro de série 19074. Dans la tourmente de la 2e guerre mondiale, une communauté jésuite autrichienne s'était retrouvée propriétaire du pistolet et tenta de le retourner à la famille de l'archiduc en 1926 (qui la refusa, on pourra le comprendre). L'arme fut ensuite conservée parmi leurs archives pendant près de quatre-vingts ans avant d'être finalement remise à un musée, ce qui était l'intention initiale (mais oubliée) de la communauté.
Le comte Tisza, Premier ministre de Hongrie, fut même soupçonné d'y avoir participé car à l'annonce de la mort de François-Ferdinand, qui lui était franchement hostile, il s'exclama en plein Parlement à Budapest : « La volonté de Dieu s'est accomplie ! ».
Le 28 juillet l'Autriche-Hongrie déclara une « guerre préventive » à la Serbie.
Ce fut l'événement déclencheur de la Première Guerre mondiale.
François-Ferdinand contracta en 1900 un mariage morganatique avec Sophie Chotek de Chotkowa et Woguin, c'est-à-dire un mariage régulier selon le droit civil et le droit canonique de l'Église catholique, mais de rang « inégal » (il aurait dû épouser une femme d'une Maison régnante, médiatisée ou ayant régné). Ce mariage écarta de facto les enfants qu'il eut avec son épouse de la succession impériale et royale : ceux-ci ne furent donc pas archiducs. Exceptionnellement, François-Ferdinand n'eut pas à renoncer à son rang d'archiduc d'Autriche ni à ses titres, ni à la succession impériale et royale, ni à son nom, ni aux autres droits qu'il détenait à titre personnel.
Son épouse fut titrée, avant son mariage, « Princesse souveraine » (Fürstin) — avec droit de transmission à sa descendance, puis duchesse de Hohenberg en 1907.
Le couple eut pour enfants :
la princesse Sophie de Hohenberg (1901-1990), qui épousa en 1920 le comte Frédéric de Nostitz-Rieneck;
le prince Maximilien de Hohenberg (1902-1962) qui fut titré duc de Hohenberg en 1917 avec droit de transmission au chef de la maison Hohenberg;
le prince Ernest de Hohenberg (1904-1954).
Avant sa mort, l'archiduc François-Ferdinand prit la décision de faire ériger une chapelle au château d'Artstetten où il voulait reposer en compagnie de son épouse, Sophie. Celui-ci craignait qu'étant membre de la maison Impériale et Royale, l'Empereur François-Joseph Ier, en tant que chef de famille, ne prit la décision de le faire inhumer, suivant la tradition, dans la crypte des Capucins à Vienne, la duchesse de Hohenberg, sa femme n'ayant pas droit à cet honneur.
Les obsèques eurent lieu à Vienne en présence de l'Empereur, de la famille impériale et royale, des enfants du couple et des officiels autrichiens. L'inhumation, dans la chapelle funéraire du château d'Artstetten, fut une cérémonie privée.
Les orphelins Hohenberg furent recueillis par l'archiduchesse Marie-Thérèse de Bragance fille de Michel Ier de Portugal et veuve de leur grand-père paternel, l'archiduc Charles-Louis.
Deux ans après Sarajevo (1916), pendant la bataille de Verdun, l'archiduchesse Marie-Thérèse suggéra à l'Empereur allemand Guillaume II le rétablissement de la souveraineté de l'ancienne Lorraine ducale au profit de Max, l'aîné des Hohenberg, afin d'« aplanir » le contentieux franco-allemand, mais se heurta à un refus.
Durant son enfance, François-Ferdinand paraissait suffisamment éloigné du trône pour que son éducation soit parfaitement négligée.
Le parlement hongrois tenta de donner la qualité de dynastes à la descendance de François-Ferdinand pour la seule Hongrie mais François-Joseph y mit bon ordre parce que cela aurait signifié la fin de l'Autriche-Hongrie.
François-Ferdinand avait acheté le domaine et le château de Konopiště (Konopischt en allemand) en Bohême, qui fut confisqué à ses héritiers par Benès qui le nationalisa.
Le caractère de François-Ferdinand était rude.
Avant son assassinat il eut maille à partir avec les Hongrois.
Sa disparition n'émut guère François-Joseph.
Il sut faire face avec aplomb aux avanies protocolaires liées au rang inférieur de son épouse.
Il avait conscience du danger qu'il courait en allant à Sarajevo. Il avait confié sa quasi-certitude d'être assassiné à son neveu l'Archiduc Charles.
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